Qu’est-ce qu’un fait religieux ?

Un fait religieux n’est pas une croyance, une foi. De cela nous n’avons rien à dire. Un fait religieux est un fait social en référence à un univers religieux et que la société doit traiter.

On peut donner quelques exemples. Si j’ai besoin pour célébrer une fête religieuse de demander une autorisation d’absence à mon employeur, c’est un fait religieux qu’il nous faut gérer. Si je ne peux pas manger tel ou tel aliment parce que ma religion a des interdits alimentaires et que je n’ai pas un menu alternatif à la cantine, c’est un fait religieux. Si je dois organiser des funérailles et suivre les rites particuliers, je vais devoir demander peut-être des autorisations spéciales Donc nous n’allons pas parler de foi ou de croyance ou de ce qui relève de l’intimité.

Qu’est-ce que l’espace public ? La première définition oppose privé et public. L’espace privé, c’est ce que je sens dans mon cœur, c’est ce que je fais chez moi. En dehors de chez moi, c’est l’espace public. Mais on comprend tout de suite que selon l’espace public, la gestion du fait religieux va être différente.

Quand on est dans l’espace public de l’Etat - administration, préfecture- pour tous les fonctionnaires détenteurs de l’autorité publique, l’obligation s’impose de la neutralité absolue dans l’expression d’une conviction religieuse.

Mais on peut se poser la question :  dans ces cas-là, est-ce que les usagers sont concernés ? En général, non. Une personne qui porte un foulard, elle doit être traitée par l’administration comme n’importe qui. C’est une autre application de principe de neutralité. Donc on a l’espace public dit institué où des règles de neutralité s’imposent dès lors qu’on est détenteur d’autorité publique.

Un autre espace public sacralisé par la République, est celui de l’école. L’éducation nationale. Là évidemment, les enseignants sont tenus à la neutralité religieuse, mais l’Etat a considéré que pour préserver la possibilité pour les enfants de se construire dans une approche critique d’émancipation, il fallait éviter que les signes religieux s’expriment à l’école ; ces règles ne concernent ni l’enseignement privé, ni l’université.

Maintenant regardons ce qui se passe dehors, dans la rue, sur les places publiques. Pouvons-nous exprimer notre foi religieuse ? Est-ce qu’une procession religieuse est une atteinte au principe de laïcité ? Et bien la tradition laïque en France répond très clairement : non ! L’interdiction du voile intégrale dans l’espace public, il faut le rappeler, n’a pas été faite au nom de la laïcité mais au nom des problématiques d’ordre public.

A part ces exceptions, l’espace public, en dehors de l’espace de l’Etat, c’est un espace libéral, l’espace de liberté.

 

Les seules limites à la liberté, c’est évidemment le non-respect de règles communes d’ordre public ; c’est évidemment toute forme d’imposition d’une croyance aux autres. Donc dès lors que chacun peut s’exprimer, peut cohabiter, l’espace public peut fonctionner. C’est à cette condition qu’il est un espace commun.